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Premier essai réussi pour le moteur du futur lanceur européen Vega

Publiée le 03/12/2006 - Auteur : Jacky Lu 2111 fois

Essai moteur P80, vue d'hélicoptèreUn prototype du moteur P80 qui équipera le futur lanceur européen Vega a été testé avec succès le jeudi 30 novembre à Kourou.

Haut de près de 11 mètres et chargé de 88 tonnes de propergols solides, l'ensemble P80 préfigure le premier étage de ce qui deviendra en 2008 le futur lanceur européen consacré à la mise en orbite de charges légères et moyennes, soit 1500 kg jusqu'à 700 km d'altitude. Le test effectué le 30 novembre revêtait une importance particulière, tant sur le plan technologique que sur le plan commercial, le créneau dans lequel s'inscrit ce futur lanceur s'avérant de plus en plus prisé.

Le moteur à poudre a fonctionné de façon optimale durant 107 secondes, confirmant ainsi les prévisions. Michel Eymard, directeur des lanceurs au CNES (Centre National d'Etudes Spatiales), a souligné que la courbe de pression enregistrée avait été très proche des prévisions. Selon Stefano Bianchi, chef du programme Vega à l'Agence spatiale européenne (ESA), un premier lancement réel devrait intervenir depuis le port spatial de Kourou en 2008.

Retour en arrière : an 1999, l’Agence Spatiale Européenne (ESA), sous l’impulsion de l’Italie, a décidé le développement d’un lanceur pour les charges utiles de petite taille, destiné à compléter la gamme de lanceurs permettant d'assurer la garantie d’accès à l’espace. P80 a été choisi comme premier étage de ce lanceur dénommé Vega.

En 1999 également, le CNES a initié une démarche appelée "Initiative Ariane 2010" dont l'objectif était d'identifier l'ensemble des technologies nouvelles, tous métiers confondus, devant permettre à une échéance de 10 ans (d'où le nom Ariane 2010) d'assurer une réduction de 30% du coût de lancement d’Ariane 5 par rapport aux engagements pris pour la production des années 2005-2009. Cet objectif, décliné dans le domaine de la propulsion solide, a fédéré un ensemble d'idées sous le vocable de MPS2 (moteur à propergol solide 2). Dans un contexte concurrentiel difficile, nécessitant une recherche permanente de rationalisation industrielle et de réduction des coûts, l'idée d'un démonstrateur technologique a ainsi commencé à germer. Ceci afin de valider les technologies les plus prometteuses dans tous les composants d'un moteur à propergol solide : enveloppe, tuyère, protection thermique, propergol, allumeur et système d'activation. Les innovations technologiques qu'il présente sont applicables à d'autres lanceurs, y compris à Ariane 5. C’est ainsi qu’est née la proposition de développement du P80.

Yannick d'Escatha, Président du CNES, "félicite les équipes du CNES, Direction des Lanceurs et Centre Spatial Guyanais, ainsi que tous les industriels, pour la réussite du premier essai du P80, et se réjouit de cette nouvelle étape dans l'indépendance de l'accès à l'espace de l'Europe". Il "remercie les pays participants à ce programme  : l'Italie, la Belgique et les Pays-Bas.

Programme de l'ESA, le développement du P80 est piloté par le CNES au travers d’une équipe mixte comprenant des agents de l’ESA et de l’agence spatiale italienne (ASI) qui s’est appuyée sur l’ensemble de l’expertise technique et les capacités de management de la direction des lanceurs du CNES. C'est, une fois encore, la démonstration de la compétence des équipes de la direction des lanceurs du CNES et de sa capacité à diriger des programmes complexes et innovants avec des partenaires européens et internationaux. Je tiens à saluer le travail exceptionnel de l’industrie européenne qui s’est mobilisée pour faire de cette démonstration technologique un succès. Ces sociétés, Europropulsion, Avio, Snecma Propulsion Solide, Regulus, SABCA, APP, Saft ont relevé le défi technologique et ont assuré une certaine prise de risque financier et je les en félicite.

Les premières informations dont nous disposons et l’exploitation de plusieurs mesures montrent que la performance de ce nouveau moteur est conforme à la prévision, ce qui est encourageant pour la suite du programme Vega. Un second essai P80, dit de qualification, est prévu l’année prochaine.


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