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1797/1798 : Les déportés politiques de fructidor en Guyane

Un texte de Philippe Laffon-Ladebat

Mis à jour le 02-10-2005  |  Publié le 01-10-2005 - Lu 15 562 fois
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A la suite du coup d'état du Directoire du 4 septembre 1797 ( 18 fructidor an V) en France,  organisé par  les trois Directeurs Barras, Réveillière-Lépeaux et Rewbell contre les deux autres Directeurs Barthélémy et Carnot et la majorité des Conseils,  328 hommes furent déportés sans jugement en Guyane. Il s'agissait de députés appartenant à la majorité modérée ou monarchiste  du Conseil des Cinq-Cents et du Conseil des Anciens, de journalistes critiques du gouvernement directorial et d'ecclésiastiques, principalement des prêtres réfractaires français et belges. Après un voyage de plusieurs jours en cages de fer, ces déportés furent transportés à fond de cale par trois navires au départ de Rochefort : le 22/09/1797 pour La Vaillante avec 16 déportés, le 12/03/1798 pour La Décade avec193 déportés et le 1/08/1798 pour La Bayonnaise  avec119 déportés. Ces trois navires arrivèrent successivement à Cayenne le 10 novembre 1797, le 14 juin 1798 et le 29 septembre 1798. Les déportés de La Vaillante furent cantonnés en « résidence surveillée » à Sinnamary et ceux de La Décade et de La Bayonnaise, d'abord à Conanama puis aussi à Sinnamary. A l'époque la déportation en Guyane fut considérée, selon l'expression de G.A. Tronson du Coudray qui faisait partie du premier convoi, comme une « guillotine sèche » moins cruelle que la guillotine sanglante de la Terreur. Pourtant les déportés, affaiblis par le long voyage à terre puis en mer, pas du tout préparés à affronter le climat et la nature tropicales et  pratiquement abandonnés sans ressources ni moyens d'hygiène élémentaire,  furent rapidement frappés de diverses maladies exotiques dont on ignorait alors le traitement. Dès la première année 172 périrent à Conanama et à Sinnamary de dysenterie, paludisme et fièvre jaune notamment. Vingt-trois parvinrent à s'échapper et les 133 survivants ne furent rappelés en France que trois ans plus tard par Bonaparte, après la chute du Directoire.

Plusieurs de ces déportés ont raconté leurs séjours forcés en Guyane : J.J. Aymé, F. Barbé-Marbois, F. Barthélémy, A-D. Laffon-Ladebat, I-E. Larue, B. La Villeurnois, J-P Ramel, A. Pitou.  A notre connaissance on ne trouve pas de trace de ces déportations politiques à Sinnamary ; en revanche on trouvait encore il y a quatre ans un petit mémorial au cimetière de Conanama et chaque année, à la fin du mois d'octobre ou au début du mois de novembre, le diocèse de Guyane organisait un pèlerinage sur les lieux. N'étant pas retourné en Guyane depuis lors j'ignore si ces souvenirs existent encore.

A strictement parler le premier convoi de déportés de fructidor en 1797 ne fut pas la première expérience de « guillotine  sèche » en Guyane ; en effet, bien qu'ayant participé à l'éviction de Robespierre et de ses partisans en juillet 1794, les  jacobins Billaud-Varenne et Collot d'Herbois furent déportés en Guyane par les Thermidoriens en  mai 1795. Leurs relations politiques leur permis de bénéficier en Guyane d'un régime de faveur de semi-liberté. Collot mourut de la fièvre jaune à Sinnamary dès le 8 juin 1796. Billaud, lui, séjourna longtemps à Sinnamary mais refusant toujours l'amnistie, alla mourir à St Domingue en 1819.

Enfin, notons pour conclure, que ces déportations de fructidor à Sinnamary et à Conanama ne sont pas assimilables aux envois aux bagnes qui leur ont succédé. D'une part les déportés n'étaient pas des criminels condamnés par un tribunal, mais seulement des ennemis politiques du moment déportés sans jugement ; d'autre part ils n'étaient pas incarcérés mais jouissaient d'une certaine liberté sous réserve de
ne pas s'éloigner de leurs lieux de résidence forcée.

Sur le 18 fructidor et ses conséquences,  on peut consulter http://site.voila.fr/18_fructidor_anV

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Auteur : Philippe LAFFON DE LADEBAT  -  voir profil

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